Ouverture des classes en mode de tâtonnement
Par Aoune Aimé
Chaque mois de septembre, nous avons toujours éprouvé de nombreuses difficultés à démarrer l’année scolaire. Malheureusement, c’est une pratique effroyable en Haïti. Notre système éducatif est parrainé par des ambassades (France, Canada, États Unis). Cependant, il n'existe pas une politique transparente de notre système d’éducation nationale.
Dans son article 32.1, la constitution haïtienne amendée stipule : « L’éducation est une charge de l’État et des collectivités territoriales. Ils doivent mettre l’école gratuitement à la portée de tous, veiller au niveau de formation des enseignements des secteurs publics et non publics .» Malheureusement, en réalité, ce sont les parents qui se tracassent pour assurer la rentrée des classes de leurs enfants. Pour ce faire, ils comptent surtout sur la diaspora.
Dans les 17 jours qui viennent, les salles de classes s’ouvriront aux élèves. Pourtant, les livres subventionnés ne sont pas encore disponibles sur le marché. En outre, malgré la précarité économique chronique en Haïti, les marchands de tissus scolaires ne cessent d'hausser les prix des tissus sans aucune intervention de l'État, notamment le ministère du Commerce.
Il existe bien une loi qui limite les frais scolaires. En dépit de cette législation, les directions d’école continuent à doubler (et même à tripler) ces frais et la mensualité. Donc, face à cette décadence, on pourrait conclure que la scolarité est une vaste escroquerie en Haïti, une véritable vache à lait exploitée par les inconscients.
Cette suite de questions s’avère essentielle:
- Que fait l'État face à cette situation?
- Pourquoi les citoyens ne dénoncent-ils pas cette condition affreuse?
- Pourquoi les commissaires du gouvernement qui sont les chefs de la poursuite pénale ne mettent pas l'action publique en mouvement contre les directions d’école qui violent la loi?
- Pourquoi l'État n’institue-il pas des programmes de formation continues des enseignants avant la réouverture des classes?
Toutes ces quêtes-là, sans nul doute, sont des questions légitimes, et le public en attend immédiatement les réponses.
Septembre 2019
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Aoune AIME, avocat, journaliste.
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